PRINCIPE 3 | Gérer adéquatement les déchets

Photo : Yan Kaczynski Ι Photo prise pour Les Chèvres de montagne ΙΙ Photos des techniques Sans trace : Yan Kaczynski Ι Pour Sauve ton terrain de jeu, un projet de De ville en forêt

Principe 3 Ι GÉRER ADÉQUATEMENT LES DÉCHETS

Pratiques de base

  • Rapporter ce que l’on a apporté. Des rebuts ou des restes de nourriture que l’on brûle risquent de produire des fumées toxiques, d’attirer des animaux ou d’inciter d’autres personnes à mettre leurs propres déchets au feu.
  • Inspecter les aires de pique-nique ou de camping pour ramasser les emballages et les contenants alimentaires, les restes de nourriture, les mégots et les autres mini déchets.
  • Quand il n’y a pas de toilette à proximité, enterrer les déchets humains dans un sol organique à une profondeur de 15 à 20 cm. Creuser le trou sanitaire à au moins 60 m (environ 70 grands pas ou 90 plus petits pas) des lacs, des cours d’eau, des campings et des sentiers. Remblayer et camoufler le trou avec des matériaux naturels.
  • Rapporter le papier de toilette avec les autres produits hygiéniques utilisés, sinon l’enterrer dans le trou sanitaire.
  • Uriner à 60 m des lacs, des cours d’eau, des campings et des sentiers.
  • Pour se laver ou laver la vaisselle, transporter l’eau à au moins 60 m des lacs et des cours d’eau. Au besoin, utiliser une petite quantité de savon biodégradable.
  • Répandre les eaux grises à grands jets à travers la végétation. Avant de répandre l’eau de vaisselle, filtrer les débris alimentaires à l’aide d’un tamis et les mettre avec les déchets à rapporter.

En gérant adéquatement les déchets qu’ils produisent et ceux qu’ils ramassent sur un site, les adeptes de plein air évitent que les autres personnes, les animaux sauvages et les sources d’eau subissent les répercussions incontestables de la pollution.

1. Déchets humains

Gérer adéquatement les déchets humains permet d’accélérer leur décomposition, d’éviter la pollution des sources d’eau, le désagrément pour quiconque les trouverait, ainsi que le risque de propager des maladies en exposant d’autres humains et les animaux aux agents pathogènes présents dans les excréments.  

Dans la plupart des sites, enterrer les matières fécales adéquatement est la technique la plus efficace pour se conformer à ces balises. L’hiver, les excréments humains doivent être rapportés puisqu’ils ne peuvent être enfouis dans le sol gelé. Enfouir les excréments dans la neige n’est pas une solution adéquate puisqu’à la fonte printanière les agents pathogènes qu’ils contiennent seront toujours actifs, et qu’ils se retrouveront exposés à la vue ou emportés vers les cours d’eau. Il existe plusieurs systèmes d’emballage, fabriqués commercialement et approuvés, qui sont hygiéniques et facilement utilisables en longue randonnée ou en camping.

Les autres systèmes (notamment les systèmes de toilettes réutilisables et lavables) sont plus volumineux et conviendraient plutôt aux voyages en canot ou en radeau. Les gens qui profitent des parcs et des aires protégées devenant toujours plus nombreux chaque année, rapporter les déchets humains sera de plus en plus courant si l’on veut s’assurer de la durabilité à long terme des sites et des territoires partagés. Dans certains environnements fragiles, tels que les canyons ou les zones montagneuses, les gestionnaires de territoire exigent déjà que les excréments soient obligatoirement rapportés ou déposés dans des contenants prévus à cette fin. S’informer auprès des gestionnaires de territoire quant à la réglementation et aux précautions à prendre.

Trou sanitaire

Cette technique de gestion des déchets humains est la plus largement reconnue. Avec une truelle, creuser un trou de 15 à 20 cm de profondeur et de 10 à 15 cm de diamètre, et à au moins de 60 m (environ 70 grands pas ou 90 plus petits pas) des sources d’eau, des sentiers et des campements. Après usage, recouvrir et camoufler le trou avec les déblais de terre et de pierre et des matériaux naturels, tels que brindilles, aiguilles de pin, feuilles, bouts de bois. Si l’on campe en grand groupe ou si l’on campe sur le même site plus d’une nuit, disperser les trous sanitaires sur une grande surface; ne pas retourner une deuxième fois au même endroit.

Trouver un bon emplacement pour un trou sanitaire

  • S’éloigner d’au moins 60 m (environ 70 grands pas ou 90 plus petits pas) des sources d’eau, des sentiers, des campements et de tout autre site utilisé (stationnement, aire de pique-nique, plage, etc.).
  • Choisir un lieu discret où d’autres personnes ne risquent pas de marcher ni de camper. Par exemple, derrière d’épaisses broussailles, près d’arbres abattus, ou sur des flancs de colline en pente douce.
  • Essayer de trouver un site pourvu d’une couche épaisse d’humus ou de terre organique. Cette matière contient des micro-organismes qui contribuent à décomposer les excréments. On la reconnaît à sa teinte sombre et riche en couleur.
  • Dans la mesure du possible, creuser le trou à l’endroit le plus ensoleillé possible pour favoriser la décomposition. Les rayons du soleil, pénétrant le sol à plusieurs centimètres de profondeur, finiront par tuer les agents pathogènes si les matières fécales sont enterrées adéquatement. Les pentes orientées en direction du sud et les crêtes sont plus exposées au soleil et à la chaleur que les autres zones.
  • Choisir un emplacement élevé où l’eau ne peut s’écouler en cas de ruissellement ou de fortes pluies pour éviter que les matières fécales soient emportées par l’eau. Au fil du temps, les excréments en décomposition s’infiltreront dans la terre avant d’atteindre les sources d’eau.
  • Éviter les plages et les bancs de sable qui peuvent être recouverts d’eau, même s’ils sont à sec à ce moment-là.

Étapes à suivre pour creuser un trou sanitaire :

  • Creuser un trou sanitaire à l’aide d’une petite truelle, l’outil parfait. On trouve des truelles légères et compactes à tous les prix dans les magasins de plein air. On peut également se servir d’une truelle de jardin.
  • Faire un trou de 15 à 20 cm de profondeur (environ la longueur de la lame de la truelle) et de 10 à 15 cm de diamètre.
  • Lorsque c’est terminé, se servir d’un petit bâton pour défaire la matière fécale et la mélanger avec des feuilles sèches et des brindilles. Laisser le bâton dans le trou. Ensuite remplir le trou avec de la terre qui en a été prélevée et le camoufler avec des matériaux végétaux.
  • Déposer idéalement le papier hygiénique dans un sac étanche et le rapporter comme des déchets ordinaires. Sinon, le mettre dans le trou et remblayer.
  • Se laver les mains avec une petite quantité de savon biodégradable, ou biologique, et bien les essuyer.
  • Pour plus de confort, on peut creuser le trou après avoir déféqué sur le sol. Utiliser un petit bâton pour déplacer les excréments et les autres matières organiques qui ont été souillées dans le trou. Déposer également le bâton dans le trou et remblayer.

Prendre des précautions en zones montagneuses et désertiques

  • Dans les zones dépourvues d’une végétation abondante, les déchets humains ne se biodégradent pas facilement parce qu’il y a peu de terre organique pour favoriser leur décomposition. C’est pourquoi il est toujours préférable de prévoir des sacs ou des contenants étanches pour les rapporter.
  • En terrain montagneux, les personnes qui n’ont pas prévu de sacs ou de contenants peuvent en ultime recours descendre sous la ligne des arbres pour trouver un sol organique adéquat et enfouir leurs excréments dans un trou sanitaire. Si ce n’est pas possible, elles peuvent les enterrer près de la surface du sol. Les dissimuler alors sous une mince couche de sable, de gravier ou de petits débris rocheux pour que leur composition soit accélérée sous l’effet du soleil et de la pluie. Choisir un site dénudé pour ne pas abîmer la flore alpine.
  • Dans les zones désertiques, la profondeur du trou ne devrait pas dépasser 10 à 15 cm. Ainsi, la chaleur et le soleil contribueront à accélérer le processus de décomposition.

Latrine

Bien que le trou sanitaire soit recommandé dans la plupart des cas, parfois, la latrine sera plus appropriée, surtout si l’on campe avec de jeunes enfants ou si le groupe demeure plus d’une nuit sur le même lieu. Choisir un endroit en fonction des mêmes balises que celles des trous sanitaires. Il est très important de bien choisir l’endroit étant donné que les matières fécales en grande quantité se décomposent très lentement. Une bonne façon d’accélérer la décomposition et de réduire les odeurs est de jeter une poignée d’humus après chaque utilisation. On peut s’informer auprès du gestionnaire de territoire au sujet des techniques recommandées pour la construction d’une latrine.

Papier hygiénique

L’utiliser avec parcimonie, et le choisir non parfumé, non blanchi, non coloré, et biodégradable. Le papier de toilette doit être éliminé adéquatement! Il faut le déposer dans des sacs étanches que l’on rapporte. L’enfouir soigneusement dans un trou sanitaire est une solution de rechange acceptable. Il n’est pas recommandé de brûler du papier hygiénique dans un trou sanitaire ni plus loin pour éviter de déclencher un feu de forêt.

Depuis de nombreuses années, des campeuses et campeurs optent pour l’utilisation d’une méthode qu’on peut qualifier de plus naturelle. C’est une méthode aussi saine que le papier hygiénique ordinaire si l’on s’en sert bien, mais sans aucun impact sur l’environnement. Elle consiste, par exemple, à utiliser une pierre arrondie, une poignée de feuilles sèches ou d’herbe, de la neige. Évidemment, elle demande de la pratique, mais elle mérite d’être essayée! Ne pas oublier de déposer le papier naturel souillé dans le trou sanitaire avant de le remblayer. L’utilisation du bidet portable ou de voyage est une autre bonne méthode qui gagne en popularité.

Produits d’hygiène menstruelle, lingettes, couches pour bébé

Il ne faut pas les enfouir dans la terre, car ils ne se décomposent pas facilement et risquent d’être déterrés par des animaux. Ne pas les brûler dans les feux de camp, car les flammes ne sont pas assez fortes pour les consumer complètement. 

À déposer dans des sacs ou des contenants étanches pour les rapporter. Les odeurs peuvent être neutralisées par divers procédés écologiques tels que l’utilisation de copeaux ou de sciure de bois (les copeaux et la sciure de bois sont commercialisés sous la forme de litière pour animaux) ou du bicarbonate de soude : une poignée suffit dans chaque sac.

Sang menstruel

Il peut simplement être versé dans un trou sanitaire. L’utilisation d’une éponge menstruelle ou d’une coupe menstruelle permet de limiter la quantité de déchets à gérer lors des sorties.

Urine

S’éloigner d’au moins 60 m (environ 70 grands pas ou 90 plus petits pas) des sources d’eau. L’urine a peu d’effet direct sur la végétation ou le sol. Parfois, elle peut attirer les animaux sauvages à la recherche de sels. Ils risquent ainsi de défolier des plantes et de retourner le sol. Ils seront moins attirés si l’on urine sur des roches, des aiguilles de pin ou du gravier. Diluer l’urine avec l’eau d’une bouteille peut aussi réduire les dommages.

2. Déchets canins

Lorsque les chiens sont permis, leurs excréments doivent être enterrés s’ils ne sont pas rapportés. La technique du trou sanitaire s’applique selon les mêmes balises que pour les déchets humains. Les sacs contenant les déchets canins sont jetés à la poubelle. Doubler les sacs si on le juge nécessaire pour mieux contrôler les odeurs et les risques de fuite.

3. Autres types de déchets

« Rapporter tout ce que l’on a apporté » est un mantra bien connu des passionnés de nature. Chaque personne qui profite des aires récréatives a la responsabilité de les laisser propres en partant. Vérifier s’il reste des déchets ou des traces de nourriture sur le site de camping et les aires de repos.

Remplacer les bouteilles et les contenants de plastique à usage unique par du matériel réutilisable. S’hydrater aux sources d’eau naturelle est une bonne idée si on s’assure de le faire de manière sécuritaire. 

Prévoir des repas qui ne généreront pas de déchets sales et malodorants. Pour protéger la faune, on rapporte les déchets de cuisine, tels que la graisse de bacon ou les restes de table. Les brûler n’est vraiment pas une bonne idée. Les déchets enterrés ou à moitié consumés risquent d’attirer les animaux et de rendre le site peu attirant pour les autres visiteuses et visiteurs.

Non seulement des déchets laissés sur un site enlaidissent le paysage, mais ils peuvent être mortels pour les animaux sauvages. Les bouteilles, sacs de plastique, mégots de cigarettes, fil de pêche et autres déchets peuvent être nuisibles à la faune et à la flore s’ils ne sont pas éliminés correctement. Les animaux risquent entre autres de s’étouffer ou de s’empêtrer dans des contenants, des emballages ou d’autres objets de plastique ou d’aluminium. La faune et la flore s’exposent aux contaminants et aux perturbateurs endocriniens contenus dans les mégots de cigarette et les microparticules de plastique qui percolent dans le sol et l’eau.

Rapporter dans des sacs ou des contenants étanches ses déchets et ceux qui ont été abandonnés sur place par des visiteuses et visiteurs peu consciencieux. Avant de partir d’un site de camping ou d’une aire de repos, toujours vérifier s’il reste de menus déchets comme des bouts d’emballage, des morceaux de nourriture ou des restes compostables tels que des écorces d’orange ou des coques de pistaches.

Apporter ses propres sacs ou contenants pour trier les matières résiduelles en trois catégories : 1) les matières organiques compostables; 2) les matières recyclables; 3) les graisses et les déchets ultimes destinés à l’enfouissement. Les déposer à un point de collecte sélective de retour à la maison ou sur les lieux.

Gérer séparément les déchets dangereux qui présentent des risques pour la santé humaine et l’environnement, tels que mégots, piles, bonbonnes de carburant à réchaud, cendres de barbecue, etc., et les déposer dans les bacs sécuritaires expressément prévus à cette fin. Déposer les mégots dans des cendriers portatifs ou des bornes de collecte pour réduire la pollution et diminuer le risque d’allumer un feu de forêt.

4. Eaux grises

Faire la vaisselle dans une casserole propre ou un autre contenant que l’on remplit d’eau, à au moins 60 m (environ 70 grands pas) des sources d’eau. Transporter également l’eau pour laver les vêtements à au moins 60 m (environ 70 grands pas) des ruisseaux, des rivières, des lacs et des milieux humides. Ainsi, on risque moins de piétiner les rives, tout en évitant de déverser du savon et d’autres produits polluants dans l’eau. Se servir d’eau chaude et d’une petite quantité de savon, si c’est vraiment nécessaire.

Filtrer l’eau de vaisselle à l’aide d’un tamis avant de la répandre à grands jets à une distance d’au moins 60 m (environ 70 grands pas) du site de camping ou de la berge. Procéder idéalement dans un pré bien exposé où le vent et le soleil parviendront à dissiper rapidement les odeurs, surtout si des ravageurs rôdent dans les environs. Déposer les débris alimentaires dans un sac étanche avec les autres matières organiques à rapporter. Un tamis peut être fabriqué à partir d’une pièce taillée dans une moustiquaire en métal, en fibre de verre ou en tissu.

Lorsque des ours ont pris l’habitude de se rapprocher d’une aire de camping, ou qu’il est risqué de les attirer, on conseille généralement d’éliminer les eaux usées en creusant un trou à la manière du trou sanitaire. Repérer un emplacement sans végétation à au moins 60 m (environ 70 grands pas) du site de camping ou du bord de l’eau. Creuser jusqu’à la couche de sol minéral. Dans un sol rocailleux, on retire la première épaisseur de roches. Filtrer les eaux usées en les versant dans le trou ou sur les roches. Remettre ensuite les lieux dans leur état original en replaçant les roches ou en recouvrant et camouflant le trou avec les déblais de terre et des matériaux naturels.

Sur les terrains de camping très fréquentés, les restes de nourriture, la boue et des odeurs peuvent s’accumuler là où les eaux usées sont jetées. Demander aux responsables du terrain de camping quelles sont les meilleures façons d’éliminer les déchets pour causer le moins d’impact possible.

5. Savons et lotions

Le savon, même biodégradable, peut nuire à la qualité de l’eau des lacs et des cours d’eau; il est donc recommandé de l’utiliser avec parcimonie. Toujours se laver et se rincer à au moins 60 m (environ 70 grands pas) des rives, avec de l’eau transportée dans un seau ou un bidon.  Les eaux usées seront ainsi filtrées par le sol. Le dentifrice qu’on recrache à travers la végétation le sera également.

Là où l’eau fraîche est rare, y penser à deux fois avant de s’immerger dans les ruisseaux ou les petites étendues d’eau. Les lotions, les crèmes solaires, les répulsifs à insectes et les huiles pour le corps peuvent contaminer ces sources d’eau essentielles.

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